Mettez à votre service le stress à court terme
Le stress fait partie intégrante de l’expérience humaine. Depuis le début de son évolution, l’être humain est doté de facultés innées pour faire face aux situations stressantes. Même si la menace des prédateurs est aujourd’hui chose du passé, la réaction de lutte ou de fuite est toujours bien ancrée chez l’humain. Et les mécanismes évolutionnistes de survie demeurent des outils utiles pour la santé à long terme.
Bien canalisé, le pouvoir du stress peut avoir des effets bénéfiques sur votre état de santé. Effectivement, une certaine dose de stress peut être tout à fait saine. Étant donné l’impossibilité d’échapper au stress de la vie quotidienne, c’est là une excellente nouvelle. Il y a des façons de faire appel aux bienfaits du stress à court terme pour favoriser un état d’esprit plus calme et plus détendu. Utilisé à bon escient, le stress issu d’une bonne source peut activer des voies cellulaires qui renforcent la résilience à d’autres formes de stress.
Une réaction de lutte ou de fuite trop prompte
En période de crise, des modes complexes d’adaptation physiologique profondément enracinés dans l’ADN sont enclenchés. Dès que vous percevez une menace à votre sécurité, ces instincts vous préparent à réagir. La réaction à un stress à court terme met à l’œuvre toute une série de réponses hormonales. Une hausse soudaine du cortisol et de l’adrénaline produits dans les glandes surrénales vous prépare à réagir rapidement. Par contre, à mesure que le danger s’écarte, le système nerveux parasympathique ralentit la réaction excitatrice, ce qui vous permet de revenir à l’état normal.
Avec un taux optimal d’hormones du stress, vous vous sentez revivre, votre concentration et votre rendement allant en s’améliorant. Par contre, si vous êtes incapable de retrouver votre calme ou si votre réaction au stress est souvent sollicitée, un stress chronique peut entraîner des séquelles physiques et psychologiques. Cet impact négatif peut être à la source de divers problèmes de santé.
Passer de la détresse à l’eustress
Votre perception d’une situation négative est directement liée à votre comportement et à la régulation de réactions physiologiques. Une attitude optimiste peut changer pour le mieux votre santé mentale et physique. En infléchissant votre état d’esprit en situation de stress, vous pouvez redéfinir votre façon d’y faire face.
L’eustress est en fait un « bon stress », ou un stress psychologique de normal à modéré qui est effectivement bénéfique. Il aide à activer des voies encodées génétiquement, ce qui vous permet de mieux faire face au stress. Plus vous ferez preuve d’une attitude positive face à votre expérience de vie, plus vous percevrez les nouveaux défis comme des possibilités de grandir, de canaliser votre attention et d’être actif sans mobiliser toutes vos ressources. Sous sa meilleure forme, l’eustress peut induire un état d’harmonie, une immersion complète dans une activité à laquelle on prend plaisir.
Parmi les caractéristiques de l’eustress, signalons celles qui suivent :
- il est de courte durée
- il constitue une source d’énergie et de motivation
- il donne une sensation de contentement
- il accroît la concentration et le rendement
Voici quelques exemples de bonnes sources de stress : une entrevue d’embauche, un tour dans un manège au parc d’attractions, des sensations fortes devant un film d’horreur, un voyage et même un premier rendez-vous galant. Ce sont des expériences mobilisatrices et stimulantes qui vous font anticiper ce qui va suivre. L’eustress fait partie intégrante du bonheur d’être humain.
Le stress à court terme : un moyen de découvrir vos atouts
Ce n’est pas en évitant toute forme de stress qu’on arrive à améliorer sa santé. En fait, bon nombre de chercheurs estiment que la résilience au stress environnemental est le meilleur moyen de le combattre et d’être en meilleure santé.
L’évolution a doté l’être humain d’un excellent système pour faire face au stress du quotidien. Par contre, si les stimuli sont trop nombreux, ils déséquilibrent votre réaction physiologique – ou réponse hormonale à la détresse. Le stress à court terme peut donner une nouvelle dimension à votre vie, mais un taux élevé de cortisol pendant une longue période peut au contraire dégrader votre santé. Paradoxalement, le déclenchement volontaire d’un stress contrôlé peut contribuer à accroître votre tolérance au stress.
Une résilience accrue
La capacité de faire face au stress physiologique dépend à la fois de modes d’adaptation cellulaire et de votre perception mentale d’une situation difficile.
Il va de soi qu’il faut consulter votre médecin avant d’adopter un nouveau régime de vie. Cependant, si vous êtes en santé et avez hâte de faire l’expérience de nouvelles pratiques génératrices d’un bon stress à court terme, voici cinq options à essayer. Vous pourriez ainsi vous ouvrir la voie vers un rendement amélioré, une meilleure santé et une nouvelle aventure gratifiante.
1. Une alimentation axée sur l’adaptation
L’hormèse est une réaction légère au stress qui est adaptative à faible dose et toxique à forte intensité. Une réponse hormétique peut entraîner des adaptations des cellules et organismes qui en accroissent la résistance et la robustesse. Les aliments que vous mangez imitent cette réponse bénéfique aux toxines et l’effet transformateur qu’elles peuvent avoir sur la santé.
Certains composés végétaux toxiques sont conçus pour altérer le système nerveux d’insectes et d’animaux dans la nature. Chez l’humain par contre, elles peuvent avoir un effet de renforcement. Des plantes riches en nutriments sont dotées de mécanismes de défense qui peuvent induire une saine réaction au stress facile à gérer. Bien qu’ils soient légèrement stressants pour les cellules, certains phytonutriments d’origine végétale préconditionnent l’organisme à réagir à un stress futur en activant des voies cellulaires adaptatives de réponse au stress. Autrement dit, une faible dose de poison peut grandement contribuer à améliorer la santé. Vous trouverez ici un exemple de détoxication du foie.
Composés souvent présents dans les plantes
- Saponines – quinoa
- Lectines – soja et pommes de terre
- Gluten – blé, seigle et orge
- Anthocyanines – fruits des champs
- Resvératrol – peau du raisin et vin rouge
- Gallate d’épigallocatéchine – thé vert
- Sulforaphane – brocoli et autres crucifères
- Catéchines – cacao
Les personnes sensibles à ces composés doivent s’abstenir de les consommer. En cas de problèmes intestinaux, il est préférable de consulter un fournisseur de soins de santé ou un nutritionniste quant aux meilleurs moyens d’incorporer de bons agents de stress légers dans votre alimentation. En cas de difficulté à suivre un régime à base végétale, les herbes et épices sont une bonne solution de rechange.
2. Le besoin inné de bouger
Un entraînement difficile peut faire resurgir le besoin ancestral de bouger. L’ère de la chasse au gibier pour s’alimenter et survivre est depuis longtemps révolue, bien que le corps humain soit conçu pour ces activités.
Le mode de vie sédentaire d’aujourd’hui neutralise le besoin instinctif de bouger à longueur de journée. L’exercice régulier est essentiel à la santé mentale et physique. En plus d’accroître l’énergie, l’exercice amortit les effets du stress et les problèmes de santé mentale en renforçant les endorphines du cerveau – des neurotransmetteurs de « sensation de bien-être ».
Le mouvement et l’exercice des muscles squelettiques entraînent également un stress oxydatif dans l’organisme, enclenchant ainsi son système de défense. À mesure que l’organisme se répare, il se renforce et son endurance s’accroît. Par contre, s’il est pratiqué à l’excès, l’exercice peut entraîner un stress chronique. Il est donc d’autant plus important d’être à l’écoute de votre corps et de faire de l’exercice à un rythme qui vous convient.
3. La chaleur et ses bienfaits
Pourquoi les centres d’entraînement et de santé offrent-ils des saunas secs et à la vapeur? Il semble contre-indiqué d’élever la température et d’endurer l’inconfort d’une séance de sudation abondante.
Le stress thermique fait aujourd’hui l’objet de débats dans bon nombre d’établissements d’entraînement et de santé, même si c’est une pratique en usage depuis des millénaires dans des pays comme la Finlande. L’ancien rituel du bain chaud à des fins de purification et de guérison a maintenant un cachet moderne. Intégrée au style de vie, cette pratique peut apporter des sensations de détente et de plaisir, que ce soit après une séance d’entraînement ou comme activité distincte. On associe aussi au bain chaud un effet calmant et une meilleure humeur.
Le stress thermique, il faut y croire. Une exposition régulière et à court terme à une chaleur extrême peut avoir plusieurs effets positifs sur la santé, y compris une résilience accrue au stress biologique.
Voici quelques bienfaits de l’exercice et d’une bonne séance de sudation régulière :
- Libération accrue de l’hormone de croissance
- Débit sanguin plus élevé dans les muscles squelettiques qui contribue à la récupération et reconstitue plus efficacement le glucose, les acides aminés, les acides gras et l’oxygène
- Endurance accrue et soutien à la santé cardiovasculaire
- Accroissement du nombre de globules rouges
- Contrôle thermorégulateur amélioré
- Efficacité accrue du transport de l’oxygène vers les muscles
- Soutien d’une bonne sensibilité à l’insuline
Compte tenu de ces bienfaits convaincants, un conditionnement hyperthermique (réchauffement volontaire) pourrait bien être la nouvelle habitude à prendre pour profiter d’une endurance accrue, d’une meilleure santé et d’un plus grand bien-être.
4. La santé par le froid
Si vous avez déjà mis le nez dehors par une journée d’hiver glaciale, vous savez à quel point votre corps réagit rapidement. Les frissons sont presque immédiats. Le froid extrême est un autre agent stresseur hormétique qui peut faire des merveilles pour votre organisme.
La cryothérapie – ou exposition de courte durée du corps à des températures glaciales – déclenche des réactions cellulaires qui peuvent développer la résilience physiologique. À dose appropriée, le froid peut avoir des effets bénéfiques sur le cerveau, le système immunitaire et le métabolisme qui valent bien le choc initial que subit tout votre organisme.
On a montré que l’exposition au froid a un effet positif sur le système nerveux sympathique, ce qui aide à améliorer l’humeur et à réduire l’anxiété. C’est également un puissant antidote contre les effets néfastes du stress chronique.
La réaction métabolique à la thérapie par le froid a une seule raison d’être : réchauffer le corps. Dès que vous frissonnez, une contraction involontaire des muscles tente de produire de la chaleur. Un autre processus appelé thermogenèse sans frisson incite la norépinéphrine – à la fois hormone et neurotransmetteur – à enclencher une réponse de l’organisme pour la production d’un plus grand nombre de mitochondries. À mesure que le corps se réchauffe, il convertit le tissu adipeux (la graisse) en une forme métaboliquement plus active. Par conséquent, un bain froid peut être un moyen revigorant d’arriver à conserver un poids santé.
Voici quelques façons de vous exposer au froid :
- Faire l’essai d’une chambre de cryothérapie
- Aménager un bassin d’eau froide dans la cour arrière
- Abaisser la température de l’eau pendant les 60 dernières secondes de la douche matinale
- Ajouter des glaçons dans la baignoire avant d’y pénétrer
- Plonger dans les eaux froides d’une rivière ou d’un lac
5. Pour la souplesse métabolique : le jeûne
Le jeûne – l’abstention ou une consommation restreinte d’aliments et boissons – peut sembler à la fois contraire à un comportement sain et stressant pour tout le corps. Après tout, les nutriments sont essentiels pour nourrir les cellules et leur donner de l’énergie. Pourtant, le jeûne périodique peut être la bonne stratégie qu’il vous faut pour accroître votre résilience, tonifier et revigorer votre corps et apporter des changements bénéfiques pour votre santé métabolique.
En période de jeûne, la réserve de glycogènes dans le foie (glucides conservés pour une utilisation ultérieure) s’épuise. Dès lors, l’organisme est forcé d’apporter un changement métabolique pour modifier l’équilibre énergétique et mobiliser les acides gras. En état de jeûne, l’organisme libère des stocks de graisse et produit des cétones comme source d’énergie de remplacement pour celle qu’il préfère : le glucose.
Avec le temps, le stress métabolique ressenti en passant d’un état alimenté à un état de jeûne donne lieu à des adaptations qui améliorent le fonctionnement métabolique, l’homéostase et l’autophagie (le processus de nettoyage des cellules), en plus de favoriser une bonne maîtrise du poids.
Voici certains des modes de jeûne courants :
- Alimentation d’une durée restreinte ou jeûne intermittent : Apport alimentaire limité à certains moments de la journée sans réduction de l’apport calorique. Le rapport temporel 16 : 8 est populaire avec restriction alimentaire de 16 heures et période d’alimentation de 8 heures.
- Jeûne en alternance : jeûne tous les deux jours ou réduction de l’apport alimentaire les jours de « jeûne ».
- Jeûne prolongé : un jeûne de plus longue durée qui dépasse généralement 48 heures. Ce mode de jeûne doit être supervisé par un prestataire de soins de santé.
Repensez votre régime santé en gardant à l’esprit les bienfaits du stress
L’expérience humaine du stress a évolué au fil du temps, mais la biologie évolutionniste reste inchangée. Vous avez le pouvoir de miser sur votre réaction au stress pour transformer votre santé, améliorer votre rendement et changer votre perception de l’inconfort. Mettez à l’épreuve votre tolérance au stress en intégrant un certain stress volontaire à votre régime santé quotidien. C’est une excellente façon de profiter des bienfaits durables du stress à court terme.
Références
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5137920/
https://positivepsychology.com/what-is-eustress/
https://www.cell.com/trends/neurosciences/comments/S0166-2236(06)00200-1
https://pdfs.semanticscholar.org/72a8/583ccee1928028a128d40589ec60f253d6ec.pdf
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4142018/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30077204/
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https://www.sciencedirect.com/topics/medicine-and-dentistry/nonshivering-thermogenesis
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5913738/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5783752/
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/B9780128142530000127