Boire en connaissance de cause : les effets de l’alcool sur la santé
Bien que l’on consomme de l’alcool depuis des milliers d’années, le rôle que jouent les boissons alcoolisées par rapport à un mode de vie sain fait l’objet de nombreux débats. Certains affirment que l’abstinence est l’option la plus saine, tandis que d’autres vantent les bienfaits d’un verre de vin rouge quotidien. Si vous ne savez pas qui croire… lisez la suite.
En fin de compte, vos choix en matière de consommation d’alcool ne regardent que vous. Toutefois, en termes de boisson, d’abstinence et de tout ce qui se trouve entre les deux, il est bon de connaître les faits.
Qu’est-ce que l’alcool et comment agit-t-il?
La plupart des gens définissent l’alcool en termes vagues : on le trouve dans la bière, le vin et les liqueurs, etc. et il est responsable de l’intoxication et d’autres effets secondaires causés par ces boissons. Cette description, bien que précise et pratique, ne répond pas à la question de savoir ce qu’est l’alcool et comment il agit réellement. Pour cela, nous devons nous tourner vers la science.
Les alcools (oui, au pluriel) sont des composés organiques contenant au moins un hydroxyle (un atome d’hydrogène lié à un atome d’oxygène) lui-même lié à un groupe alkyle. Ces composés sont incroyablement communs, et une grande variété de composés organiques peuvent être classés comme des alcools. Les deux principaux sont l’éthanol et le méthanol. Nous nous concentrerons sur l’éthanol, étant donné qu’il s’agit de l’alcool présent dans les boissons alcoolisées.
L’éthanol, qui ressemble beaucoup à de l’eau, est un sous-produit de la fermentation des plantes. Lorsqu’il est consommé, le foie commence immédiatement à le décomposer pour l’éliminer du corps. Cependant, votre foie ne peut pas travailler aussi vite. L’intoxication est le résultat d’une consommation d’alcool plus rapide que la vitesse à laquelle votre foie peut faire son travail.
Tandis que votre foie fait des heures supplémentaires, l’excès d’alcool passe dans votre sang. Une fois dans le sang, l’alcool agit comme un dépresseur du système nerveux central (SNC). Il ralentit diverses fonctions cérébrales, à commencer par le cervelet, qui est responsable de l’équilibre et de la motricité. L’alcool déclenche également la libération de certains neurotransmetteurs, dont la dopamine et la sérotonine, tous deux pouvant causer une amélioration de l’humeur et une légère euphorie.
Les effets à court terme de l’alcool
Bien que l’alcool n’affecte pas le corps immédiatement, il agit assez rapidement. Chacun réagit à l’alcool un peu différemment, mais après un verre ou deux, la plupart des gens commencent à en ressentir les premiers effets. Ceux-ci incluent une légère euphorie (pensez à la libération de dopamine et de sérotonine), une diminution des inhibitions et un ralentissement du temps de réaction.
Plus vous buvez, plus l’impact sur votre corps est important. Les effets à court terme de l’alcool comprennent des troubles de l’élocution, une diminution des fonctions motrices, une vision déformée, des vomissements, des troubles de la mémoire (jusqu’à l’évanouissement) et même une perte de conscience. Bon nombre de ces effets plus graves sont des signes d’empoisonnement par l’alcool, qui indiquent clairement que vous avez trop bu.
L’alcool agit également comme un diurétique, à savoir une substance qui provoque des mictions fréquentes. Cela signifie que lorsque vous buvez de l’alcool, votre corps perd du liquide plus rapidement que d’habitude, ce qui peut conduire à la déshydratation. En fait, la déshydratation est l’un des principaux facteurs contribuant à la « gueule de bois » que vous pouvez ressentir le lendemain.
La plupart des gens boivent le soir, pour décompresser de leur journée. Bien que cela ne soit pas nécessairement un problème, la consommation d’alcool juste avant le coucher peut perturber votre cycle de sommeil. Vous vous endormirez peut-être plus facilement après avoir bu votre boisson alcoolisée préférée, mais l’alcool peut aussi empêcher votre corps d’atteindre les stades les plus profonds et les plus reposants du sommeil. Cela peut vous laisser une sensation d’agitation et de fatigue.
Combien de temps ces effets durent-ils? Eh bien, cela dépend de la personne, de la quantité absorbée, de la vitesse à laquelle elle a bu et de toute une série d’autres facteurs. L’alcool peut généralement être détecté dans votre organisme entre six heures et trois jours après en avoir consommé. Cependant, la plupart des effets à court terme disparaîtront probablement en un jour.
Les effets à long terme de la consommation d’alcool
Le corps humain est incroyablement résistant, et on ne constate généralement pas de problèmes de santé à long terme résultant d’une consommation modérée d’alcool. Le mot clé ici est « modérée ». En revanche, une consommation excessive d’alcool peut, avec le temps, avoir des effets néfastes sur l’organisme.
Naturellement, les effets à long terme de la consommation d’alcool varient d’une personne à l’autre. Parmi les complications les plus courantes liées à une consommation excessive et prolongée d’alcool figurent l’hypertension artérielle, l’augmentation du risque de maladie cardiaque, l’augmentation du risque d’accident vasculaire cérébral, les maladies du foie et les problèmes digestifs.
Et il ne s’agit ici que des effets physiques. La consommation excessive d’alcool est également liée à l’apparition de certaines maladies mentales, notamment la dépression et l’anxiété. Dans les cas extrêmes, une consommation excessive d’alcool peut également entraîner une dépendance à l’alcool qui, comme la plupart des dépendances, est une maladie à la fois physique et mentale, qui doit être traitée.
À quel moment peut-on parler d’une consommation excessive? Niveaux de consommation d’alcool
De l’abstinence totale (sobriété) à la consommation modérée, jusqu’à la consommation excessive, il existe de nombreux niveaux de consommation d’alcool. Et, comme nous l’avons mentionné, la plupart des risques de santé à long terme sont le résultat d’une consommation d’alcool importante.
La question qui se pose alors est la suivante : quelle quantité est considérée comme trop élevée?
Bien qu’il n’y ait pas de réponse exacte à cette question, étant donné que chaque personne assimile l’alcool un peu différemment, la plupart des organismes de santé publics doivent suivre certaines directives. Aux États-Unis, le Centre de contrôle des maladies (Center for Disease Control ou CDC) classe les niveaux de consommation d’alcool comme suit :
- Consommation modérée d’alcool : pour les hommes, la consommation modérée peut aller jusqu’à deux verres par jour ou quinze verres par semaine. Pour les femmes, ces chiffres passent à un verre par jour et huit verres par semaine.
- Consommation excessive d’alcool : toute consommation d’alcool qui dépasse les directives du CDC pour une consommation modérée. Trois verres ou plus par jour pour les hommes ou plus de quinze verres par semaine. Et pour les femmes, deux verres ou plus par jour et huit verres ou plus par semaine.
Par ailleurs, le CDC définit également les beuveries comme une consommation massive d’alcool pendant une courte période de temps. Cinq verres ou plus par occasion constituent une consommation excessive d’alcool pour les hommes ; pour les femmes, ce chiffre est de quatre verres ou plus.
En vieillissant, il peut être conseillé de revisiter ces directives ainsi que votre rapport à l’alcool, surtout si vous êtes de sexe masculin. Le vieillissement est associé à une diminution de la capacité à métaboliser l’alcool. À ce titre, l’Institut national américain pour l’Abus d’alcool et l’Alcoolisme (National Institute of Alcohol Abuse and Alcoholism) et la Société de Gériatrie américaine (American Geriatric Society) conseillent aux hommes de plus de 65 ans de ne pas consommer plus d’un verre par jour.
Réalité ou fiction : boire peut être bon pour la santé
Vous avez probablement déjà entendu quelqu’un affirmer qu’un verre de vin rouge le soir est en fait bon pour la santé. Et plus précisément, bon pour votre cœur. Mais dans quelle mesure cela est-il vrai?
Cette théorie trouverait son origine dans ce que l’on appelle le « paradoxe français », à savoir que les Français aiment consommer trois types d’aliments : du beurre, du fromage et du vin. Le fromage et le beurre ne sont pas très bons pour le cœur, et pourtant la France enregistre des taux relativement faibles de maladies cardiaques. Certains ont donc émis l’hypothèse que le vin rouge devait contrecarrer les effets de ces aliments gras.
Aussi plaisante qu’elle puisse paraître, peu de données scientifiques prouvent cette théorie. Certains phytonutriments bénéfiques, comme le resvératrol, peuvent se trouver dans le vin. Toutefois, les totaux de phytonutriments sont généralement assez limités et varient beaucoup d’un vin à l’autre.
La bière dissimule des bienfaits nutritionnels surprenants. Les bières non filtrées peuvent contenir de petites quantités d’antioxydants, de fibres solubles et d’autres micronutriments. Ces nutriments ne sont pas présents en quantités suffisantes pour justifier de se servir une bière uniquement pour son contenu nutritionnel. Mais bon, si vous en avez déjà ouverte une, profitez-en!
Références
https://www.britannica.com/science/alcohol/Structure-and-classification-of-alcohols
https://www.hackensackmeridianhealth.org/en/HealthU/2018/12/27/what-happens-to-brain-drink-alcohol
https://www.drugfreeworld.org/drugfacts/alcohol/short-term-long-term-effects.html
https://www.cdc.gov/alcohol/fact-sheets/alcohol-use.htm
https://www.health.harvard.edu/blog/is-red-wine-good-actually-for-your-heart-2018021913285