Génétique 101

Le vocabulaire de la génétique

Les termes « ADN » et « gène » vous sont sans doute familiers. Et peut-être aussi des termes comme « traduction »  et « hérédité » si vous vous y connaissez un peu en génétique, ou même « SNP » et « épigénétique » s’il s’agit pour vous d’un domaine d’étude.

Tant mieux si vous connaissiez ces termes, car le langage de la génétique n’a plus de secret pour vous, mais il n’est jamais mauvais de rafraîchir nos connaissances. Si, par contre, il s’agit d’un tout nouveau vocabulaire, il est essentiel d’en comprendre les notions. C’est particulièrement le cas dans ce nouveau monde de soins médicaux sur mesure et d’une nutrition personnalisée. Vos connaissances en  génétique sont appelées à être mises à jour régulièrement.

Voici donc la première d’une série en quatre parties – Génétique 101. Commençons d’abord par expliquer quelques-uns des termes de base utilisés en génétique. Ces notions fondamentales vous aideront à mesure que nous approfondirons le sujet.

Dès que vous aurez acquis le vocabulaire de la génétique, nous passerons à la Génétique 101 – Principes fondamentaux de l’ADN et des gènes. Nous situerons ensuite ce contenu informatif dans le contexte de l’hérédité, de la théorie de l’évolution et de la généalogie. Pour conclure cette incursion dans le champ de la génétique, nous aborderons la dernière section : « La génétique et votre santé  ». Nous publierons un article par mois, ce qui vous donnera une solide  compréhension de la génétique et vous permettra de prendre des décisions éclairées à l’égard de votre santé.

Commençons par les notions de base.

Terminologie génétique : définitions élémentaires

Avant de voir plus précisément comment la génétique définit chacun de nous, il importe de connaître les 26 termes les plus souvent utilisés. Ce faisant, vous pourrez mieux comprendre l’impact de la génétique sur votre apparence, le mode de fonctionnement de vos cellules, ce qui explique l’apparence et le comportement de vos enfants, ainsi que l’influence de la génétique sur votre état de santé.

Commençons par la terminologie essentielle de la génétique.

Noyau : Le noyau est à proprement parler un organite, c’est-à-dire une structure autonome à l’intérieur de la cellule. Il contient tout le matériel génétique hérité de vos parents, et c’est souvent ce qu’on appelle le génome ou ADN. La fonction du noyau est de protéger, d’organiser et de répliquer l’ADN au moment de la division cellulaire.

Génome : L’ensemble de votre matériel génétique.

ADN : Acronyme d’acide désoxyribonucléique, l’ADN fait circuler toute l’information génétique. Hérité de vos parents, votre ADN est assemblé dans un ordre précis qui détermine votre apparence physique et le mode de fonctionnement de vos cellules.

Nucléotide ou base nucléique : Termes interchangeables qui se reportent à chacun des constituants de l’ADN et de l’ARN. Souvent mentionnés uniquement par leurs lettres initiales respectives (A, G, C, T), quatre nucléotides ou bases nucléiques forment l’ADN : adénine, guanine, cytosine et thymine.

Paire de bases : Sur le plan chimique et moléculaire, l’ADN est une molécule à deux brins (ou bicaténaire).  Bien qu’identiques, les brins formant l’ADN sont dits antiparallèles car ils vont en sens contraire (par analogie, l’un va de A à Z et l’autre de Z à A).

Chaque brin est relié à l’autre par une série particulière de liaisons chimiques relativement faibles, en fait des liaisons hydrogènes ressemblant un peu à du velcro qui peut s’attacher ou se séparer au besoin.

Fait important, une base ne peut s’apparier qu’à une seule autre base qui lui est complémentaire (par exemple, l’adénine à la guanine et inversement, de même pour la cytosine et la thymine. Ces appariements A-G et C-T s’appellent des paires de base et la règle qui les régit est importante, car elle est primordiale pour la reproduction et la division cellulaire.

Chromosome : Assemblage de l’ADN le plus commun dans le noyau, le chromosome organise la masse de l’ADN en structures définies et étroitement condensées qui aident à l’ordonner et le protéger. Le nombre de chromosomes varie selon les organismes, certains n’en comptant qu’un seul et d’autres, quelques centaines et même jusqu’à 10 000. L’être humain possède 23 paires de chromosomes, soit 46.

Gène : Autre sous-organisation de votre matériel génétique, le gène est un petit élément modeste de l’ADN. Par analogie, alors que l’ADN est un livre, les gènes en sont les chapitres. Chaque élément d’ADN (gène) ordonne à une cellule de fabriquer une protéine ou une enzyme. Il lui indique plus précisément d’assembler des acides aminés pour constituer une structure protéinique ou enzymatique en trois dimensions. L’être humain compte entre 20 000 et 25 000 gènes.

Expression génétique (ou génique) : À l’intérieur ou autour d’un gène, le plus souvent là où il commence, se trouvent des séquences particulières d’ADN chargées d’activer ou de désactiver  un gène (un peu comme un interrupteur). Des gènes peuvent être actifs en tout temps et leurs produits (protéines ou enzymes) sont toujours fabriqués de façon généralement lente et constante. L’expression génétique comporte deux processus importants : la lecture du gène (transcription) et la fabrication d’une protéine (traduction).

Transcription : Processus au cours duquel la cellule prend connaissance du contenu informatif du gène. C’est un message aussitôt copié dans une molécule d’ARN messager et transmis à partir du noyau à d’autres parties de la cellule.   

ARN : Acronyme de l’acide ribonucléique, celui-ci ayant une similitude chimique avec l’ADN. Maître messager, l’ARN relaie de courtes bribes d’information contenues dans l’ADN (gène) vers d’autres sites cellulaires. Il permet plus précisément à ces messages de se transformer en unités fonctionnelles de la cellule – les protéines et enzymes. L’information contenue dans l’ARN est segmentée en séquences de trois nucléotides appelées codons.

Codon : Une séquence de trois nucléotides dans une molécule d’ARN. L’ordre des trois nucléotides détermine le code d’un acide aminé donné. Dès que les codons dans l’ARN sont lus, la cellule se met à assembler des chaînes d’acides aminés – les éléments constituants des  protéines et enzymes. C’est ce qu’on appelle le processus de la traduction.

Traduction : Processus par lequel la cellule transforme la molécule d’ARN messager en protéine ou enzyme.

Protéine ou enzyme : Termes souvent interchangeables décrivant une chaîne d’acides aminés chimiquement liés. Dès qu’ils se sont liés, ces acides se replient sur eux-mêmes pour former les produits fonctionnels finals souvent appelés protéines ou enzymes. Même si toutes les  enzymes sont des protéines, l’inverse n’est pas vrai. Par convention, les scientifiques parlent d’une protéine si elle exerce une fonction statique ou structurelle dans la cellule et d’une enzyme s’il s’agit d’une protéine qui y exerce une activité (comme celle de transformer la nourriture en énergie).

Réplication de l’ADN : Production d’une copie identique d’un ADN. Au moment de sa division, la cellule doit copier (répliquer) son ADN. En fait, un peu comme du velcro, les liaisons hydrogènes peuvent alors se séparer, une chaîne demeurant dans la cellule initiale et l’autre passant dans la nouvelle cellule. En raison de la règle régissant l’appariement des nucléotides, (un rappel : A avec G et C avec T) chaque cellule peut reproduire la chaîne antiparallèle manquante. La double chaîne d’ADN est ainsi formée à nouveau, un processus qui peut se répéter aussi souvent que la division cellulaire est possible. 

Hérédité : Transmission de l’information génétique à la génération suivante.

Phénotype : Ensemble des traits physiquement observables en fonction de la séquence de vos  gènes (génotype), par exemple, votre apparence et votre comportement.

Génotype : La séquence d’ADN de vos gènes. 

Gène dominant : En cas de lutte entre un gène dominant et un gène récessif pour l’expression génétique, le gène dominant l’emporte. À titre d’exemple, l’enfant dont les parents ont respectivement les yeux bruns (gène dominant) et les yeux bleus (gène récessif) aura les yeux bruns –  ce gène étant dominant. 

Gène récessif : En présence d’un gène dominant, un gène récessif ne s’exprime pas. Par contre, comme il existe deux copies d’un même gène, si toutes deux sont récessives, il peut y avoir expression d’un trait récessif. Un enfant aura les yeux bleus si les deux copies des gènes hérités de ses parents désignent des yeux bleus.

Ploïdie : Nombre de chromosomes ou de paires d’ADN dans un organisme.

Diploïdie : « Di » (préfixe pour « deux ») indique qu’une cellule dite diploïde possède les deux copies de son ADN. C’est l’état normal de la plupart de vos cellules et de la double chaîne d’ADN. La diploïdie est l’état dans lequel doit se trouver la cellule en vue de sa division et de sa réplication.

Haploïdie : « Ha » (préfixe pour « demi ») indique qu’une cellule dite haploïde ne possède que la moitié de ses copies d’ADN (c’est-à-dire une seule). Une cellule haploïde tend à être une cellule reproductrice comme celle du sperme ou de l’œuf (ovule). C’est un fait important car lorsqu’il y a fusion entre les deux (fertilisation), l’unique copie d’ADN de l’un se combine à nouveau à la copie de l’autre pour créer un génome diploïde complet. Cette nouvelle cellule devenue diploïde peut dès lors amorcer sa croissance et sa division.

Épigénétique : Composé d’un certain nombre de signaux chimiques, c’est un genre de deuxième code génétique au-dessus de la séquence d’ADN initiale. Bon nombre de signaux chimiques peuvent modifier votre séquence d’ADN ou les structures qui l’organisent dans le noyau cellulaire. En fonction des modifications chimiques précises qui se produisent, les gènes peuvent être activés ou désactivés.

Fait intéressant, votre régime alimentaire et votre style de vie influent très nettement sur ce code chimique (épigénome) et le mode de régulation de vos gènes. On a également montré que le code épigénétique est lui aussi fortement héréditaire. Le mode de vie de vos parents et même de vos grands-parents influe sur le mode d’expression de vos gènes, tandis que votre façon de vivre aura des effets sur l’expression des gènes de vos enfants.

Il semble que l’épigénome soit en bonne partie responsable de l’état de santé − bon ou mauvais − de la génération suivante. Par exemple, des parents minces et en santé tendent à avoir des enfants qui le sont aussi, tandis que les enfants de parents atteints d’une maladie courent un risque accru de souffrir de la même maladie plus tard.

Mutation : Modification de la séquence d’ADN originale qui peut se produire au cours de divers processus : exposition à des agents chimiques environnementaux, réplication inadéquate d’ADN, cassure ou lésion physique subie par l’ADN.

Une mutation finit toujours par influer sur le fonctionnement de la structure protéinique ou enzymatique faisant l’objet d’un codage. Les effets d’une mutation sur la cellule peuvent être multiformes – un effet peut être nul, bénéfique ou préjudiciable. On qualifie de silencieuse la mutation qui, en définitive, ne modifie pas la structure ou la fonction d’une protéine.

Une mutation bénéfique assure à une cellule ou un organisme un meilleur fonctionnement ou taux de survie. C’est ce qui est souvent reconnu comme le fondement même de l’évolution ou de la survie du plus fort. Lorsqu’une mutation est préjudiciable, la modification de la séquence d’ADN originale a des effets négatifs sur la structure ou le fonctionnement d’une protéine, ce qui peut entraîner de graves conséquences pour la fonction cellulaire. Si l’impact négatif d’une mutation touche un site essentiel du gène, le fonctionnement de la protéine sera gravement compromis et la survie sera réduite. Certaines mutations négatives dans des gènes ou protéines clés peuvent mener au cancer.

Cancer : Une maladie définie par une division cellulaire incontrôlée. En temps normal, la cellule exerce un contrôle serré sur tout processus amorçant ou mettant fin à une division cellulaire. Un processus peut cependant être perturbé par une mutation, une exposition à des agents chimiques environnementaux, une lésion physique, etc.  Il importe de retenir que toutes les mutations ne causent pas le cancer et que tous les cancers ne sont pas la conséquence d’une mutation. En bout de ligne, une division cellulaire incontrôlée peut entraîner une accumulation de cellules anormales formant une masse appelée tumeur. La défaillance d’un tissu ou d’un organe peut s’ensuivre lorsque la tumeur altère leur fonctionnement, avec comme conséquence la mort. 

SNP (Polymorphisme nucléotidique) : Une mutation survenue dans un seul nucléotide de l’ADN. Comme il s’agit d’une légère mutation dans un gène, le polymorphisme nucléotidique (ou SNP) tend à être une mutation silencieuse entraînant rarement un cancer. Par contre, si le SNP se produit dans un site essentiel du gène, il peut avoir un effet positif ou négatif sur le fonctionnement des protéines.  Gagnant en popularité dans les domaines de la science et de la médecine, le SNP peut notamment servir à diagnostiquer des carences métaboliques ou à déterminer la réponse potentielle d’un patient à certains médicaments.

 


Notions de base sur l’ADN et les gènes

Voici la deuxième d’une série en quatre parties – Génétique 101. Si vous avez manqué la première partie, il serait bon d’aller lire Génétique 101 – Le vocabulaire de la génétique pour commencer. Il sera plus facile de lire l’article qui suit et d’approfondir le sujet après avoir pris connaissance de la terminologie essentielle.

La génétique est à la fois simple et complexe. Commençons par une définition. Selon le dictionnaire Merriam-Webster, la génétique est « une branche de la biologie qui traite de l’hérédité et des variations parmi les organismes » ainsi que « des compositions et des phénomènes génétiques qui concernent un organisme, un type, un groupe ou un état en particulier ».

En d’autres termes, la génétique est l’étude de ce qui fait que l’on est à la fois humain et unique, et cela grâce à l’ADN. En fait, tous les organismes vivants sur Terre contiennent de l’ADN. C’est ce qui fait qu’une bactérie est une bactérie, qu’un oiseau est un oiseau et que nous sommes des humains.

L’unique fonction de l’ADN est de stocker de l’information et de la transmettre

Pour bon nombre de gens, l’ADN est un élément fluide, dynamique et toujours en mouvement. En fait, l’ADN est une molécule statique et stable. Même après des dizaines de milliers d’années, il est possible de prélever de l’ADN dans des outils de pierre ou à l’intérieur d’ossements anciens, par exemple, afin de l’étudier.

Pour comprendre le rôle de l’ADN, pensons par analogie aux plans d’une maison. Ils renferment une grande quantité d’information, mais ils ne peuvent pas construire la maison par eux-mêmes. À cette fin, il faut une équipe coordonnée de travailleurs intelligents, capables de suivre les instructions contenues dans les plans. L’équipe se compose d’un ingénieur qui sait lire les plans, de contremaîtres qui dirigent les travailleurs et d’ouvriers qui assemblent le tout.

L’ADN ne fait que stocker l’information et la communiquer à la cellule. On peut donc le concevoir comme le plan de l’organisme à l’intention des cellules.

L’ADN est une très grosse molécule

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L’ADN est le matériel génétique contenu dans tous les noyaux de l’organisme. Et même si les cellules n’ont pas toutes un noyau – alors que certaines en ont plus d’un – tous les noyaux possèdent une séquence complète d’ADN.

Chaque noyau renferme l’ADN sous la forme d’une molécule unique à double brin. Très grosse molécule, l’ADN humain est composé de deux à trois milliards de bases. Pour vous donner une idée, si l’on retirait l’ADN d’un noyau de l’organisme et qu’on l’étirait sur une table, il ferait entre un et deux mètres de longueur.

Une autre façon d’illustrer la taille de l’ADN est d’estimer sa masse totale. Si on multiplie par deux la masse moyenne d’un seul nucléotide (pour tenir compte du double brin), puis par deux ou trois milliards (le nombre total de bases dans l’ADN), on obtient déjà un chiffre élevé, mais ce n’est pas tout. On doit ensuite le multiplier par le nombre de noyaux (ou de cellules contenant un noyau) afin d’obtenir la masse totale d’ADN dans l’organisme humain.

Le nombre total se situe approximativement entre 5 grammes (environ le poids d’une feuille de papier) et 50 grammes (environ celui d’un œuf de poule). C’est là une grande quantité d’ADN.

C’est également dire à quel point l’ADN est stocké de manière compacte à l’intérieur des cellules. Difficile à croire qu’une molécule si grosse puisse avoir un contenant si microscopique!

L’ADN est organisé de manière élaborée et complexe dans le noyau

Notre organisme se compose de plusieurs milliers de milliards de cellules (environ 50 milliers de milliards pour être précis). À l’exception de certaines cellules du sang, environ 75 % d’entre elles ont au moins un noyau. À l’intérieur de chacun de ces noyaux se retrouve une copie complète de l’ADN de notre organisme.

Comment cela est-il possible? Essentiellement, l’ADN est rassemblé en un nœud très serré, enroulé et replié sur lui-même de nombreuses fois. Ce nœud d’ADN est également très organisé et il peut être (du moins partiellement) délié lorsqu’il est nécessaire d’accéder à l’information qu’il contient.

La cellule demande l’information contenue dans l’ADN en le modifiant – ainsi que les protéines associées à l’ADN et qui contribuent à l’organiser – à l’aide de signaux chimiques spécifiques. Certains de ces signaux ne durent qu’un court laps de temps tandis que d’autres se transmettent d’une génération à l’autre. Ces signaux chimiques constituent le code épigénétique.

Les cellules régulent l’activation des gènes grâce à ce code épigénétique. C’est également ce qui confère à chacun des types de cellules leur caractère unique. Bien que toutes les cellules contiennent une copie complète de l’ADN, elles activent uniquement les parties de l’ADN dont elles ont besoin et désactivent les autres. Par exemple, les neurones n’activent que l’ADN nécessaire aux neurones, les cellules du foie n’activent que l’ADN nécessaire aux cellules du foie, les cellules de la peau n’activent que l’ADN nécessaire aux cellules de la peau.

L’ADN contient l’information qui permet aux cellules de synthétiser les protéines

Comment l’ADN fait-il pour dire aux cellules ce qu’elles doivent fabriquer?

L’ADN est constitué de quatre composants appelés des bases – l’adénine, la thymine, la guanine et la cytosine (A, T, G et C, respectivement). Le plus extraordinaire dans tout ça, c’est que ces quatre bases se répètent sans cesse, mais dans un ordre unique qui confère à chaque personne son individualité. Ces bases (A, T, G, C) sont en fait responsables de tout ce que nous sommes : notre taille, notre apparence, nos capacités athlétiques, en plus du fonctionnement de nos cellules, de nos tissus et de nos organes.

Comment cela est-il possible?

La manière la plus simple de concevoir le principe, c’est de le comparer avec les mots qui se trouvent sur cette page. Ceux-ci sont tous formés à partir de l’organisation des lettres de l’alphabet. Il se trouve que « l’alphabet de l’ADN » est composé de seulement quatre lettres : A, T, G et C. Lorsque ces quatre lettres ou bases sont placées dans un ordre précis, elles forment des mots – ou des instructions – qui indiquent aux cellules les protéines à fabriquer. Il peut s’agir de protéines structurelles qui contribuent au maintien de la forme de la cellule, ou encore d’enzymes – des protéines qui travaillent au sein des cellules.

Autre fait étonnant : tous les mots du « dictionnaire de l’ADN » se composent de seulement trois lettres – ou bases. On appelle codons ces mots de trois lettres. À mesure qu’elle lit les codons, la cellule sait précisément quels acides aminés (les composants des protéines) elle doit assembler, en quelle quantité et dans quel ordre.

Certains codons signalent le début ou la fin des instructions. Par exemple, la fabrication de certaines protéines ne nécessite que 500 bases, alors que d’autres peuvent atteindre une longueur de 2,2 millions de bases. Un message de 500 bases se compose d’environ 166 codons et la protéine est constituée d’environ 55 acides aminés. La protéine complexe dont les instructions atteignent 2,2 millions de bases, donc 733 333 codons, est constituée d’environ 244 444 acides aminés.

Les gènes sont des segments définis d’ADN qui contiennent les instructions pour fabriquer des protéines

Le gène est, par définition, l’unité physique et fonctionnelle de l’ADN. Il ne fait rien de plus que de fournir les instructions pour fabriquer une ou plusieurs protéines. Comme nous l’avons déjà indiqué, il y a des signaux de début et de fin dans l’ADN. En termes simples, les gènes sont ce qui se retrouve entre ces signaux.

On estime à 25 000 le nombre de gènes contenu dans l’ADN humain. Les estimations en ce qui concerne le nombre de protéines différentes dans l’organisme humain varient beaucoup, mais on le situe entre 100 000 et plus de 1 000 000. Comme ces nombres ne concordent pas parfaitement, cela signifie qu’un gène peut coder pour une seule protéine ou plusieurs – jusqu’à une centaine.

ADN, ARN, protéine : transcription et traduction

On peut concevoir le code des codons comme une langue étrangère. C’est la langue qu’utilisent les cellules pour lire l’ADN afin de pouvoir synthétiser des protéines. En fait, les généticiens nomment ces processus « transcription et traduction » – des termes similaires à ceux utilisés pour décrire les langues humaines.

Allons voir de plus près la façon exacte dont la cellule lit l’ADN.

Dans la fabrication des protéines, l’ordre est important : 1) ADN, 2) ARN et 3) protéine.

Comme nous l’avons précisé au début, l’ADN est une molécule statique, condensée en un nœud serré à l’intérieur du noyau. Comme la synthèse des protéines nécessite de l’espace, les cellules ne peuvent pas les fabriquer à l’intérieur du noyau. Le processus a donc lieu dans l’espace cellulaire à l’extérieur du noyau.

Alors, de quelle manière l’information sort-elle du noyau?

Il existe une molécule étroitement liée à l’ADN qui se nomme l’ARN (acide ribonucléique). Une enzyme spéciale (appelée ARN polymérase) sillonne la molécule d’ADN à la recherche du codon d’« initiation » qui indique le début du gène. L’enzyme circule ensuite le long de l’ADN et transcrit en ARN le message de l’ADN. On appelle ce processus la transcription. L’enzyme cesse de fabriquer la molécule d’ARN lorsqu’elle atteint le codon d’« arrêt ».

La nouvelle molécule d’ARN sort ensuite du noyau. Le ribosome, qui se spécialise dans la traduction des messages de l’ARN en séquences d’acides aminés (protéines), vient immédiatement à sa rencontre. Il parcourt la molécule d’ARN, un codon à la fois, et signale à la cellule quels sont les prochains acides aminés qui doivent être ajoutés à la séquence.

Par exemple, le codon T-T-A est le « mot » pour leucine. Le codon A-G-A code pour l’arginine. Le codon G-C-G correspond à l’alanine. En fait, il existe au moins un codon pour chacun des acides aminés nécessaires à la synthèse des protéines et des enzymes dont l’organisme a besoin.

À mesure que la chaîne d’acides aminés s’allonge, elle commence à se replier sur elle-même pour adopter sa forme tridimensionnelle finale. Lorsque le dernier acide aminé a été ajouté, la nouvelle protéine se détache du ribosome et se dirige vers sa destination finale. Le ribosome libère alors la molécule d’ARN et en cherche une nouvelle à traduire.

Nous avons beaucoup de traits en commun avec la banane

Depuis que le génome humain a été séquencé en 2003, les scientifiques s’appliquent à le déchiffrer. Au départ, on croyait que d’immenses avancées en science et en médecine seraient réalisées lorsque l’on connaîtrait l’ordre de toutes les bases contenues dans l’ADN humain.

Maintenant, bien des années plus tard, il semble qu’il en soit résulté plus de questions que de réponses. Voici pourquoi : il est littéralement impossible de distinguer les humains par leur génome. Nous avons tous littéralement les mêmes gènes. Bien sûr, certaines régions sont uniques à chacun – comme les empreintes digitales – mais tout comme il est impossible de connaître la race, la taille ou le poids d’une personne (ou la plupart de ses informations personnelles, en fait) par ses empreintes digitales, il est également impossible de les connaître au moyen de l’ADN.

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Pourquoi donc?

Pour commencer, les humains partagent plus de 99 % de leurs gènes. C’est seulement le 1 % restant qui fait leur individualité.

On estime que si l’on publiait notre génome sous forme de livre, il se composerait d’environ 262 000 pages, dont seulement 500 seraient uniques à chacun. C’est dire à quel point les humains se ressemblent.

Nous sommes également très semblables à bon nombre d’espèces qui semblent pourtant éloignées. Par exemple, les humains sont proches sur le plan génétique :

  • des chimpanzés à 96 %
  • des chats à 90 %
  • des souris à 85 %
  • des vaches à 80 %
  • des mouches à fruits à 61 %
  • des poulets à 60 %

Nous sommes même 60 % génétiquement semblables aux bananes!

Comment est-ce possible?

Il se trouve qu’au niveau cellulaire, les cellules d’une grande variété d’espèces ont besoin des mêmes gènes et des mêmes protéines de base pour fonctionner. Ce n’est qu’à un niveau élevé de spécialisation qu’une cellule ou qu’un organisme a réellement besoin de protéines et de gènes nouveaux et différents.

Autrement dit, l’ADN n’est que le point de départ de ce qui nous confère nos caractéristiques uniques d’être humain. De toute évidence, de nombreux autres facteurs entrent en jeu.

Qu’est-ce qui fait que chaque personne est unique et qu’il y a autant de diversité au sein de la population humaine? Vous le saurez dans le prochain article de cette série : Génétique 101 – L’hérédité, la théorie de l’évolution et la généalogie.