Réduire la quantité de gras – Les faits au sujet du tissu adipeux
Il nous arrive souvent d’avoir un rapport plutôt tendu avec le gras – surtout quand on se regarde dans le miroir. La graisse corporelle nous exaspère. On la pince et on se jure de faire beaucoup d’efforts pour l’éliminer. Pourtant, avant de partir en guerre, le moment est peut-être venu d’essayer de comprendre la nature du tissu graisseux – aussi connu sous son nom scientifique de tissu adipeux.
L’individu n’est pas le seul à blâmer pour son attitude conflictuelle envers le gras. La société en général entretient aussi une relation compliquée avec le tissu graisseux, et ce, en raison d’une foule de malentendus et de conceptions erronées. Une connaissance insuffisante des fonctions du gras entraîne une compréhension simpliste de l’importance biologique du tissu adipeux.
Ces réponses à des questions fréquentes sur le tissu adipeux vous aideront à mieux comprendre tous les aspects de l’adipose. Découvrez des faits intéressants sur la graisse corporelle et tout ce qu’il faut savoir sur sa formation et sa fonction, ce qui vous aidera à repenser votre relation avec le gras.
Q. Exception faite de constituer une source constante de mécontentement, quelle est la nature réelle du tissu graisseux?
R. La définition du tissu graisseux ou adipeux est fort simple. Il s’agit de tissu conjonctif plutôt élastique qui agit comme réserve d’énergie. C’est la fonction première du tissu adipeux.
Son nom officiel (adipose) lui vient de sa composition d’adipocytes –couramment appelées cellules graisseuses – dont la tâche principale est de stocker l’excès de calories sous forme d’acides gras appelés triglycérides.
Ces réserves d’énergie sous forme physique sont réparties dans tout l’organisme. Vous utilisez les acides gras du tissu adipeux dès que l’apport énergétique en réserve et les stocks de glucides – comme le glycogène – sont épuisés. Ce processus est bien connu des adeptes du régime cétogène ou du jeune intermittent.
Il faut a priori dissiper un malentendu au sujet du gras. Le gras alimentaire que vous consommez, quel qu’en soit le type, ne passe pas directement dans le tissu adipeux. Bien sûr, il y a une similarité moléculaire entre le tissu adipeux de votre corps et le gras que vous consommez. Les lipides et les acides gras sont les éléments constitutifs de tous les gras – y compris le tissu adipeux. Le gras ingéré est toutefois soumis à nombre de processus avant d’être possiblement incorporé aux adipocytes.
La digestion décompose le gras consommé en divers composants. Une portion de cette énergie est éliminée, tandis qu’une autre est utilisée pour former des structures ou à d’autres fins de préservation de la santé dans l’ensemble de l’organisme. La portion restante de l’énergie tirée du gras alimentaire peut ensuite être stockée dans le tissu adipeux. Au lieu d’éviter de consommer du gras, recherchez-en plutôt des sources végétales saines. Rappelez-vous que le prix à payer pour manger du gras se calcule en calories, neuf par gramme pour être exact.
Q. Le tissu adipeux est-il constitué uniquement de gras? Y a-t-il d’autres composants?
R. La graisse corporelle est plus complexe que la définition peu flatteuse qu’en donne la culture populaire. Outre les adipocytes, elle se compose d’une foule de petits vaisseaux sanguins qui maintiennent la circulation dans le tissu adipeux. On y trouve aussi des cellules nerveuses et endocriniennes (productrices d’hormones), de même que des voies lymphatiques.
Le composant non lipidique le plus volumineux du tissu adipeux reste cependant la fraction vasculaire stromale (FVS). Cet élément important regroupe divers types de cellules, y compris des cellules matures (vasculaires, musculaires lisses, sanguines, immunitaires, fibroblastes) et des cellules souches. Des millions de cellules FVS sont exemptes de gras, mais elles fournissent des structures et matériaux qui s’adaptent aux besoins tissulaires changeants.
Q. Quelles fonctions liées à la santé et à la survie le tissu adipeux remplit-il?
R. Un excès de tissu adipeux n’est assurément pas souhaitable, mais le fait d’en avoir en quantité insuffisante pose aussi problème. Loin d’être strictement la punition physique pour une alimentation médiocre ou un manque d’exercice, le gras remplit des fonctions biologiques primordiales qui vous gardent en vie et en bonne forme.
Parmi ses fonctions principales, citons celles qui suivent :
- Stockage énergétique – cette fonction du tissu adipeux (déjà mentionnée plus haut) est un mécanisme de survie qui consiste à conserver pour une utilisation ultérieure une partie de l’approvisionnement alimentaire abondant.
- Chaleur – dans les climats froids, la couche de lard des animaux les tient au chaud, ce qui est aussi vrai chez les humains – plus particulièrement chez les bébés – et la recherche faimontre aussi que le gras joue un rôle similaire chez les adultes.
- Coussinement– le tissu adipeux accumulé coussine les organes, ce qui leur fournit une certaine protection.
- Impact métabolique – à l’aide de sécrétions (hormones, cytokines et autres métabolites), le tissu adipeux aide à réguler l’équilibre énergétique, l’appétit et diverses actions métaboliques.
- Production hormonale – comme organe endocrinien, le tissu adipeux produit diverses hormones, comme la leptine, l’adiponectine et la résistine.
Q. Le gras est-il vraiment un organe?
R. Oui, vous avez bien lu. Le tissu adipeux est reconnu comme un organe endocrinien, et d’ailleurs assez volumineux. En effet, le tissu graisseux peut produire des hormones, une capacité qui correspond à la définition même d’un organe endocrinien.
Les hormones diverses produites par le tissu adipeux soutiennent ses facultés de communication de même que son influence sur les activités métaboliques. La leptine est particulièrement importante pour la régulation énergétique. Elle interagit avec l’hypothalamus du cerveau et aide à maintenir le poids corporel au fil du temps, un des facteurs qui font qu’un régime est si difficile à suivre.
Q. Y a-t-il différents types de tissu adipeux?
R. En fait, le tissu adipeux se présente sous deux formes, chacune d’une couleur différente qui la distingue de l’autre.
Le tissu adipeux blanc agit comme un entrepôt pour l’énergie tirée de tous les surplus de votre régime alimentaire. C’est aussi ce qu’en extrait l’organisme qui manque de sucres à élimination rapide. Le tissu adipeux blanc traite aussi les sécrétions hormonales provenant de la graisse corporelle.
Parcouru de vaisseaux sanguins, le tissu adipeux brun est thermogénique et aide à conserver la chaleur. Dans le secteur scientifique, sa présence chez les nouveau-nés est bien connue, mais jusqu’à tout récemment, on estimait son rôle peu important chez les adultes.
Le tissu adipeux est souvent décrit en fonction de son emplacement dans le corps.
Q. Où le gras s’accumule-t-il?
R. L’abdomen est certes le premier endroit où la graisse corporelle est apparente. Par contre, un abdomen rondelet n’est pas la seule zone où le tissu adipeux s’accumule.
En réalité, le gras est présent dans tout le corps.
Le tissu adipeux est enfoui dans la couche de peau la plus profonde. Cette graisse sous-cutanée est celle que l’on mesure à l’aide d’un calibre d’épaisseur ou que l’on pince afin de vérifier les progrès accomplis dans un programme de maîtrise du poids. C’est aussi le tissu adipeux le plus facile à déceler.
Sans être visible à l’œil nu, la graisse viscérale devient apparente si on l’accumule à l’accès (un bedon rond). Ce type de gras dénote un regroupement d’adipocytes dans la cavité abdominale et autour des organes internes. Une portion de cette graisse viscérale est nécessaire comme matériau de coussinement, mais une quantité excessive peut nuire à la santé.
Le gras s’insinue aussi entre les fibres musculaires (gras intermusculaire) et dans la moelle épinière. La moelle de couleur jaune – celle où se trouvent les adipocytes – est importante pour la production de cellules souches.
Q. Peut-on vraiment éviter d’éliminer les cellules graisseuses? Quel est le processus pour faire disparaître le tissu adipeux et devenir plus svelte?
R. Dès la naissance, vous possédez des dizaines de milliards de cellules graisseuses qui sont là pour rester. Vous les aurez sans doute pour toute la vie, et peut-être même en plus grande quantité. En effet, il est impossible de détruire naturellement les cellules graisseuses et vous pourriez accumuler encore plus de tissu adipeux. Et une fois en place, il ne vous quitte pas.
Désolé pour cette mauvaise nouvelle. La liposuccion peut littéralement aspirer le tissu adipeux sous-cutané et l’extraire de façon permanente, mais aucun régime ni aucun programme d’entraînement ne pourront réussir à l’éliminer.
Si c’est le cas – et tout permet de le croire – comment éliminer naturellement le gras pour améliorer votre physique?
Le tissu adipeux est formé d’adipocytes qui agissent comme des contenants de stockage énergétique pour les lipides. Lorsque votre organisme se trouve dans un état qui lui impose de trouver soin énergie dans le gras stocké, le nombre de contenants nécessaires pour la lui procurer se vident.
Les structures de stockage restent, mais une fois disparu le gras qui les remplissait, elles semblent moins arrondies, ce qui vous fait paraître plus mince. Rappelez-vous cependant que les adipocytes peuvent de nouveau les remplir ultérieurement, en fonction de votre dépense et votre apport caloriques.
Q. Existe-t-il une quantité appropriée de tissu adipeux?
R. Comme pour la plupart des indicateurs de santé, aucune quantité déterminée n’est valable pour tout le monde. Le pourcentage de graisse corporelle et l’indice de masse corporelle (IMC) sont plutôt calculés selon une échelle de cotes de santé.
Les femmes dont le taux de graisse corporelle se situe entre 10 % et 31 % sont considérées en bonne santé. Chez les hommes, ce taux varie entre 2 % et 24 %. Pour l’IMC, la cote de santé s’échelonne entre 18,5 et 24,9.
D’autres facteurs, comme l’âge et l’intensité de l’activité physique, peuvent modifier légèrement vos taux cibles. En fait, il faut surtout retenir que même si un certain pourcentage de graisse corporelle est nécessaire, une quantité excessive nuit à la préservation d’une santé optimale.
Autre fait important, tenter de perdre du gras en tenant compte uniquement de votre poids n’est pas une approche adéquate. Lorsqu’il est question de la quantité de tissu adipeux, la composition du corps est le premier facteur à considérer. C’est pourquoi les mesures mentionnées plus haut ne sont liées à aucun chiffre qu’il faut viser à atteindre sur la balance.
Faites appel à vos connaissances sur le tissu adipeux pour façonner votre santé
Maintenant que vous comprenez mieux ce qu’est la graisse corporelle – aussi sous son nom plus recherché de tissu adipeux – il n’est pas dit que vous allez cesser de la pincer ou d’essayer de l’éliminer. Par contre, vous pouvez maintenant repenser votre rapport au gras en misant sur vos connaissances et votre compréhension de sa nature.
En faisant appel à votre nouveau savoir, façonnez avec soin votre style de vie de manière à atteindre des objectifs réalistes à l’égard du gras. Vos choix en matière d’alimentation et d’exercice seront plus éclairés si vous prenez en compte le mode de fonctionnement et les tâches du tissu adipeux, de même que ses effets sur votre corps.
La prochaine fois que vous verrez dans le miroir ces bourrelets persistants qui vous mettent en rogne, rappelez-vous que la graisse n’est pas automatiquement mauvaise en soi. Tout n’est pas noir ou blanc avec le tissu adipeux. En fait, vous savez maintenant que les adiposités sont plutôt des tissus bruns et blancs.
Références
https://www.yourhormones.info/glands/adipose-tissue/
https://www.britannica.com/science/adipose-tissue
https://www.mentalfloss.com/article/501419/12-enlightening-facts-about-body-fat
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3775412/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4985254/
https://www.livescience.com/62218-whats-in-a-fat-cell.html
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23283583/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4091429/