Méthylfolate, acide folique, méthylcobalamine et cyanocobalamine : quelles sont les différences?
Les vitamines B9 (folate) et B12 (cobalamine) sont des vitamines hydrosolubles, essentielles à la santé. En raison du rôle de ces vitamines à tous les stades de la vie, depuis le fœtus jusqu’à l’âge adulte, bon nombre d’aliments en sont enrichis, et les suppléments vitaminiques en contiennent afin d’éviter les carences.
Depuis les dix dernières années, les formes méthylées des vitamines B9 et B12 sont devenues des suppléments populaires en remplacement des formes traditionnelles ayant fait l’objet de nombreuses études et en usage depuis des décennies. Les bienfaits de chaque vitamine leur sont propres et pour diverses raisons, chacune est aussi offerte sous différentes formes. Lisez la suite pour en savoir davantage.
La vitamine B9 (folate)
Le folate régule le métabolisme cellulaire et la division des cellules. En conjonction avec son rôle dans l’ADN et l’ARN, il soutient une croissance saine des tissus et la régénération des globules rouges et des cellules immunitaires. Comme le folate est essentiel au développement du fœtus, un apport suffisant est d’une importance capitale pour la femme enceinte ou celle qui souhaite l’être.
Il vaut toujours mieux obtenir des nutriments d’une alimentation saine, et aucun supplément ne peut se substituer aux bienfaits que procure généralement un régime alimentaire sain et nutritif. Règle générale, les aliments contenant du folate sont très nutritifs, même si le folate n’est pas toujours le plus biodisponible. Par conséquent, l’apport moyen de folate alimentaire est la plupart du temps très inférieur à l’apport recommandé.
Un faible taux de folate est particulièrement préoccupant chez la femme en âge de procréer. C’est ce qui explique que des aliments soient enrichis d’acide folique dans de nombreux pays et que les suppléments qui en renferment soient devenus si populaires.
L’acide folique est la forme la plus couramment utilisée dans les aliments enrichis et les suppléments parce qu’il est généralement plus biodisponble, plus stable et moins complexe que le folate alimentaire. L’apparence du méthylfolate tient largement aux avancées scientifiques en génétique humaine et à la découverte d’un gène particulier (la méthylène tétrahydrofolate réductase ou MTHFR), qui influe sur la capacité de métaboliser cette vitamine.
Les variants de la MTHFR
En plus de convertir l’homocystéine en méthionine, le gène de la MTHFR code une enzyme qui convertit l’acide folique en une forme que l’organisme humain peut utiliser. Un variant du gène de la MTHFR (la MTHFR C677T) entraîne une capacité réduite de métabolisation de l’acide folique.
Notre ADN comprend deux copies du gène de la MTHFR provenant de chacun de nos deux parents. Chacun peut ainsi avoir une ou deux copies du variant génétique MTHFR C677T. Une seule mutation du gène de la MTHFR est plutôt fréquente, mais généralement sans conséquence sur le plan médical, puisque le fonctionnement de l’autre gène est normal.
Ce qui est cependant plus préoccupant est la présence du variant C677T sur les deux copies du gène de la MTHFR (variant MTHFR C677T homozygote). Même dans le cas d’une MTHFR C667T homozygote, la recherche indique qu’un apport adéquat d’acide folique régulier peut être pris en toute sûreté et avec succès (Moll S.).
Des allégations, comme « l’acide folique est inefficace chez les gens avec une “mutation” de la MTHFR », « il empêche la méthylation », « il ne peut être absorbé » ou « il est dangereux », sont exagérées et quelque peu inexactes. Ce variant ne fait que diminuer l’efficacité de la conversion.
En matière de folate (sous forme d’acide folique, de méthylfolate ou autre), ce qui importe est le taux sanguin de folate. Autrement dit, quelles qu’en soient la forme et les différences de biodisponibilité, de posologie, etc., le but est d’avoir un taux sanguin adéquat de folate. Même en présence du variant MTHFR C677T, chacun peut normaliser son taux de folate sérique par la prise régulière d’un apport adéquat d’acide folique. En fait, l’acide folique est le type de folate le plus étudié dont on a montré qu’il prévient les anomalies du tube neural (Crider, Crider, Wilcken, Tsang, Seyoum).
Par ailleurs, l’acide folique en quantité excessive ou non métabolisé n’est pas non plus sans causer certains problèmes. Nous ne pouvons pas en prendre en quantité illimitée pour compenser une plus faible absorption. Heureusement, l’organisme est très résilient, et des études laissent entendre que des mécanismes lui permettraient de s’adapter à un apport accru d’acide folique afin de limiter son exposition à l’acide folique non métabolisé (Tam).
En présence ou non d’un variant de la MTHFR, un apport de 600 à 1 000 mcg d’acide folique est à la fois sûr et hausse généralement le folate à un taux sanguin adéquat.
La vitamine B12 (cobalamine)
La vitamine B12 est une molécule très complexe. L’être humain compte sur les bactéries intestinales pour fabriquer la plus grande partie de la vitamine B12 dans son organisme. Les produits de source animale sont l’autre source de vitamine B12, les animaux obtenant aussi cette vitamine des bactéries dans leur intestin.
Bien que tout le monde puisse en avoir un faible taux, les végétariens et végétaliens sont particulièrement vulnérables à la carence en vitamine B12 puisqu’ils ne consomment pas de produits de source animale, principale source de cette vitamine. Un faible taux de vitamine B12 entraînera vraisemblablement la nécessité de prendre des suppléments.
La vitamine B12 est la seule qui ne puisse pas être entièrement synthétisée. Elle est produite par un processus complexe appelé biosynthèse, en raison des micro-organismes utilisés pour fabriquer ou « synthétiser » cette vitamine. Elle est somme toute fabriquée de la même façon que la nature la crée dans l’intestin.
La biosynthèse la plus courante fait appel à la bactérie « pseudomonas dentrificans » et nécessite plus de vingt différentes réactions chimiques. C’est ainsi qu’est fabriquée et rendue disponible la quasi-totalité de la vitamine B12 du commerce. Ses différentes formes, comme la cyanocobalamine et la méthylcobalamine, sont biosynthétisées de la même façon, avec une seule réaction de substitution vers la fin du processus entre le groupe méthyle et le groupe cyanure.
La cyanocobalamine est la forme la plus couramment utilisée dans les suppléments de vitamine B12, en raison de sa stabilité accrue comparativement à une forme comme la méthylcobalamine.
Des études indiquent que la cyanocobalamine peut être immédiatement convertie dans l’organisme pour activer la vitamine B12. En comparant cyanobalamine et méthylcobalamine, on observe que quelle qu’en soit la forme, la dose et la fréquence d’utilisation des suppléments sont généralement plus importantes pour assurer un taux sanguin adéquat (Zugravu).
Le méthylfolate et la méthylcobalamine comme donneurs du groupe méthyle
Il n’est pas nécessaire de prendre de la méthylcobalamine ou du méthylfolate pour soutenir une méthylation normale. Ils sont déjà abondants dans une alimentation diversifiée. Un apport type de choline fournit environ 1 000 fois plus de groupes méthyles qu’un apport type de folate. Outre la choline, d’autres vitamines du groupe B et des acides aminés, comme la méthionine, fournissent des milliers de fois plus de groupes méthyles qu’un simple apport de folate méthylé ou le méthyle B12.