5 conseils pour récupérer votre temps : pourquoi vous devez laisser tomber le culte de l’affairement
La mauvaise nouvelle : votre rapport au temps risque d’être toxique.
Votre emploi du temps est surchargé et vous avez de la difficulté à rester dans le moment présent. Quand on vous demande comment vous allez, votre réponse risque de se résumer au mot « occupé ». Ce qui n’arrange pas les choses : vous n’avez pas l’impression de pouvoir faire quoi que ce soit pour reprendre le contrôle de votre temps.
Que vous vous soyez embrigadé volontairement ou non dans le culte de l’affairement, vous faites partie de ses adeptes et vous avez rejoint le groupe grandissant de gens devenus de plus en plus anxieux en raison de leur incapacité à trouver le temps nécessaire à l’accomplissement de toutes leurs tâches. Vous faites partie de la horde de personnes multitâches qui s’efforcent de tirer le maximum de chaque minute de leur temps. Ils dévalent la pente de la vie tels une boule de stress pour se retrouver exténués au bout de chaque journée.
Comment l’affairement a gagné la partie et ce qui explique pourquoi il prend de l’ampleur
Vous n’y êtes pour rien et vous n’avez jamais voulu être l’esclave de votre horaire. Vous avez tout bonnement été aspiré par une tendance culturelle malsaine.
Cela dit, comment un aussi grand nombre de gens sont-ils devenus obsédés par le temps et la productivité?
Du temps où le monde était constitué majoritairement de sociétés agraires, le passage du temps se faisait au fil des heures d’ensoleillement et des saisons. La richesse de chacun se mesurait à ses heures de loisir. Cependant, avec l’arrivée de la révolution industrielle, la mesure du temps s’est liée inexorablement à la productivité. Le temps est devenu de l’argent. Plus une personne travaillait, plus on l’estimait utile pour la société.
À son tour, l’ère de la technologie a redéfini le rapport entretenu par les gens avec le temps, avec pour résultat un besoin irrésistible d’optimiser dans toute la mesure du possible leur emploi du temps. Les jours ont encore la même durée de 24 heures qu’à l’époque de nos sociétés agraires et industrielles. Il fallait donc trouver le moyen de maximiser les compétences des gens pour qu’ils en accomplissent davantage d’un moment à un autre. Le souci de productivité dominant sur tout le reste, les moments de loisir, de repos et de détente sont souvent relégués au second plan, considérés comme du gaspillage et un manque à gagner.
Le résultat? Une foule de gens sont devenus prisonniers de leur horaire. Ils sentent l’obligation d’être jugés productifs, et par conséquent utiles. En termes simples, leur manque de temps est devenu un indice de leur valeur. En faisant savoir aux autres à quel point ils sont occupés, ils montrent du même coup combien ils sont en demande.
Comme la plupart des gens ont un appareil numérique au bout des doigts à la journée longue, on a facilement l’impression – impression qui se perpétue – que tout le monde est productif 24 heures sur 24. Il faut donc pouvoir affronter la concurrence. Vous est-il déjà arrivé de recevoir un courriel envoyé par un collègue à minuit? Ou de voir entrer des textos de vos amis à 5 heures du matin? Les règles de civilité d’antan entourant l’emploi du temps personnel ont cédé la place à un besoin compulsif d’être vu comme un bourreau de travail dans le contexte de la disponibilité de moyens de communication instantanée.
Le culte de l’affairement : un fondement scientifique
Lorsque quelqu’un vous envoie des messages textes à des heures indues, vous sentez le besoin d’y répondre, à la fois par souci des bonnes manières et pour montrer que vous êtes vous aussi productif en permanence. Coincé dans un cycle de réponses à divers stimuli, vous sentez que vous perdez le contrôle sur votre emploi du temps, et qu’il vous est dicté par d’autres.
Pour les experts qui se penchent sur nos rapports changeants au temps, ce sentiment a pour nom la « précarité du temps ». Pourtant, même si quantité de gens ont toujours l’impression de manquer de temps, dans les faits, nous avons à notre disposition plus de temps que toute autre génération antérieure.
« Il faut établir une distinction entre le temps objectif, qui est mesurable, et le temps subjectif, qui est empirique », explique le philosophe Nils F. Schott, titulaire d’une bourse postdoctorale James M. Motley en humanités à la Johns Hopkins University.
Lorsqu’on ne sait plus où donner de la tête entre ce qu’on veut faire et ce qu’on devrait faire, on laisse échapper les possibilités de profiter du moment présent. On est aussi enclin à consacrer trop de temps aux tâches que l’on juge urgentes – indépendamment de leur importance – et trop peu de temps aux tâches qui ont une importance bien réelle à long terme, mais dont l’urgence ne nous paraît pas évidente. À titre d’exemple, on peut vouloir répondre instantanément à un courriel qui entre soudain dans notre boîte de réception, mais reporter pendant des semaines, sinon des mois et des années, une séance d’exercice.
Certaines études révèlent que les gens occupés font de meilleurs choix santé (le raisonnement étant que le fait d’avoir peu de temps à leur disposition impose une meilleure planification). Par contre, ce n’est pas par coïncidence qu’au fur et à mesure où les horaires deviennent surchargés, le nombre de personnes qui se sentent stressées et anxieuses augmente.
Quand on manque sans cesse de temps, comme si on était toujours en retard sur les tâches quotidiennes et qu’on n’arrive jamais à les rattraper, on risque de ressentir du stress, une anxiété croissante et de la détresse psychologique. L’anxiété peut avoir une incidence négative sur la qualité du sommeil, avec comme conséquence une planification et des prises de décisions déficientes. C’est ainsi que le cycle se perpétue.
Cinq conseils pour mieux récupérer votre temps
Le moment de la bonne nouvelle est enfin venu : selon les experts, il y a des façons de contrer les effets nocifs de la précarité du temps.
En termes simples : faites-en moins.
Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire, car pour y arriver, il faut d’abord comprendre et protéger vos priorités. Cette ressource précieuse qu’est le temps mérite qu’on la préserve. Le premier pas à faire pour récupérer votre temps consiste à reconnaître que vous avez le pouvoir d’exercer un contrôle sur l’emploi que vous en faites.
Voici cinq conseils pratiques pour échapper au culte de l’affairement :
- Faites un suivi de votre emploi du temps. Il peut sembler contradictoire d’accorder plus d’attention à votre temps afin de vous soustraire à ses contraintes oppressantes. Pourtant, c’est à la seule condition de savoir où vont vos minutes et vos heures que vous pourrez arriver à les récupérer. Une fois que vous aurez dressé la liste de vos activités dans un registre, vous constaterez tout probablement que vous avez plus de temps libre que vous ne le croyez. En ayant sous les yeux ce tableau d’ensemble, vous arriverez aussi à mieux prioriser les tâches importantes pour ensuite y accorder plus de temps. Un suivi de votre emploi du temps vous permettra également de repérer les activités gruge-temps à éliminer.
- Mettez fin au multitâche. À court terme, c’est mauvais pour le cerveau, et à long terme, votre QI risque d’en être affecté. Même si le fait d’être multitâche vous donne l’impression d’en accomplir davantage, des études montrent qu’il est plus productif de se concentrer sur une seule tâche ou un seul projet à la fois. Le multitâche a aussi des effets négatifs sur la qualité du travail accompli et risque de ramener la fonction cognitive à celle d’un enfant de huit ans. Pour vous débarrasser de l’habitude du multitâche, consultez le registre de votre emploi du temps afin d’y repérer la période où vous êtes le plus productif. Concentrez ensuite vos activités intellectuelles les plus exigeantes dans cette période. Souvenez-vous que la plupart du temps, ce qu’on n’arrive pas à faire le jour même peut attendre au lendemain.
- Défaites-vous du sentiment de culpabilité. Accordez-vous la permission de vous retirer de la course au succès. Établissez des balises pour votre emploi du temps et ne vous sentez en rien coupable de vous y tenir. Vous avez le sentiment de ne pas être à la hauteur de votre rôle de parent parce que vous ne passez pas assez de temps avec vos enfants? Le moment est venu de décrocher. Les parents d’aujourd’hui consacrent plus de temps à leurs enfants que ne le faisaient les parents d’il y a 40 ans. Au lieu de vous reprocher de ne pas passer assez de temps avec votre famille, appliquez-vous à optimiser la qualité du temps que vous lui consacrez. Laissez votre travail au bureau dans toute la mesure du possible et profitez de vos congés payés pour créer des souvenirs. Vos enfants auront ainsi sous les yeux un excellent exemple de ce que c’est que de respecter ses priorités et de vivre en pleine conscience.
- Faites de bons choix dans les temps de repos que vous vous accordez. Même si, après une dure semaine, il peut être tentant de passer le week-end affaissé sur le divan à regarder vos émissions préférées, cette activité passive ne s’enregistrera pas dans votre cerveau comme un moment de repos. Optez plutôt pour une forme de renouvellement plus réfléchie : faites de la lecture, allez marcher, méditez, faites du yoga, pratiquez le hygge, appelez un ami ou un membre de la famille. Par contre, comme c’est le cas pour toute forme de prise en charge personnelle, si ces activités ne sont pas prévues à l’horaire ou priorisées, elles risquent d’être les premières à être rayées de la liste lorsque la tâche deviendra trop lourde. Rappelez-vous de prévoir du temps pour refaire le plein. Bonne idée aussi de prévoir une période occasionnelle de renonciation aux appareils techno comme les cellulaires, blocs-notes et tablettes pour apprécier plutôt la compagnie d’autrui. Les textos et courriels seront toujours là au retour.
- Faites un pas à la fois. Pour récupérer votre temps, choisissez une seule activité à mettre en pratique. Dans votre registre d’emploi du temps, repérez les aspects de votre vie qui empiètent régulièrement sur vos temps libres et commencez par établir des balises réalistes. Il s’agira peut-être de mettre hors service les notifications de réception de courriels ou de ne plus vérifier les messages textes entrés après 20 h. Une fois que vous aurez réussi à intégrer cette habitude à votre rituel quotidien, choisissez un autre secteur d’activité auquel vous attaquer. Continuez ainsi jusqu’à ce que vous ayez le sentiment d’être maître de votre emploi du temps plutôt que l’inverse.
N’attendez plus
Vous n’êtes en rien responsable de la kyrielle de tâches sous laquelle vous croulez, pas plus que de votre anxiété face à l’obligation de vous en acquitter dans l’immédiat. Comme bien d’autres aujourd’hui, le culte de l’affairement vous a submergé.
Toutefois, contrairement à d’autres, vous comprenez maintenant comment les gens en arrivent à être paralysés par le souci de productivité, et comment la technologie a intensifié la perception (ainsi que la réalité) de l’affairement. Vous avez aussi accès à des conseils sur la gestion du temps qui vous aideront à le récupérer.
N’attendez plus pour prendre en main votre horaire. Sortez de l’engrenage des courriels incessants et des obligations ressenties face aux besoins des autres. Votre temps n’a pas de prix et sa durée est limitée. Le moment est venu de le récupérer et de reprendre en main le cours de vos journées.
Références
https://www.johnshopkinshealthreview.com/issues/spring-summer-2016/articles/the-cult-of-busy
https://www.lifehack.org/articles/communication/21-reasons-why-you-should-not-proud-being-busy.html
https://hbr.org/2016/12/research-why-americans-are-so-impressed-by-busyness
https://www.medicalnewstoday.com/articles/323148.php
https://scopeblog.stanford.edu/2017/10/04/seven-time-management-tips-for-happier-and-healthier-days/
https://www.businessinsider.com/how-to-use-stephen-coveys-time-management-matrix-2015-12